Pamir

Les montagnes du Pamir sont l'un de ces endroits époustouflants conçus pour les vrais aventuriers. Le Pamir est une destination phare pour ceux qui kiffent les environments extremes. Cette région ultra-haute du Tadjikistan offre de nombreuses possibilités de trekking à des altitudes supérieures à 4000 mètres. Voyager dans les montagnes reculées du Pamir n'est pas simple, mais il vaut totalement le coup d’entamer une expedition pour y aller. La nature et la culture du Pamir sont uniques et en font une destination de voyage unique en son genre. Continuez à lire pour avoir une impression de la culture, de la nature et de l'histoire du Pamir.

Lake Yashilkul in the Pamir Mountains

Toit du monde​

Quant au terme le ‘Toit du Monde’, les anciennes encyclopédies du 19e et du début du 20e siècle font systématiquement référence aux Pamirs. Et pour une bonne raison ! Ismoil Somoni Peak est avec 7 495 mètres d'altitude le point le plus élevé du Tadjikistan et parmi les plus hauts sommets du monde. Les autres géants du Pamir sont le pic Ibn Sina (7,134 m), le pic Korjenevskoï (7,105 m) et le pic de l'indépendance (6,940 m). En outre, les Pamirs abritent des dizaines d'autres sommets au-dessus de 6 000 mètres. La plupart des plus hauts sommets sont regroupés dans le chaînon de l'Académie des Sciences au nord-ouest du Pamir. Les montagnes du Pamir ont commencé à se développer au début de l'orogenèse alpine il y a environ 60 millions d'années et continuent à grandir vers le haut. Le Pamir est un endroit réputé pour trouver les rubis et le lapis-lazuli (une roche métamorphique bleue semi-précieuse) depuis l'antiquité.

Les glaciers jouent un rôle important dans la sculpture du paysage pamirien. En fait, le mot «Pamir» est un terme géologique local désignant la vaste vallée qui reste après la fonte d'un glacier. Cela laisse généralement un plateau avec des prairies bordées de montagnes escarpées - un paysage typique du Pamir. Le glacier Fedchenko est actuellement le plus grand, et avec une longueur de 77 km, c'est même le plus long glacier en dehors des cercles polaires. Le bilan en masse du glacier Fedchenko et de la plupart des autres glaciers au cœur du Pamir est restée relativement stable au fil des ans, ayant jusqu'à présent réussi à résister au réchauffement climatique. Ailleurs dans les montagnes du Pamir, le retrait des masses glaciaires est malheureusement plus fort.

Wide valley with a stone building and snowy mountains in the back with Karl Marx and Engels peaks
Partout dans le Pamir, on trouve des sommets enneigés vertigineux. Cette photo montre le pic Karl Marx (6 723 m) et le pic Engels (6 510 m) en arrière-plan sur la gauche.
Hiker in a wide rocky valley the Pamir Mountains
Le paysage des montagnes du Pamir est façonné par les forces de l'eau et de la glace.

Nature, climat et faune​

Le climat dans le Pamir est la plupart de l'année froid et aride. Les hivers sont rigoureux avec des températures glaciales qui commencent en novembre et durent jusqu'en mars. Les étés sont agréables avec des températures autour de 20˚C de mai à septembre. Les chutes de pluies sont faibles tout au long de l'année, ce qui est caractéristique de pratiquement toute l'Asie centrale. Les températures douces et le manque de précipitations en été créent des conditions agréables pour le trekking.

Le climat rigoureux du Pamir a son reflet direct sur la végétation et la faune. La végétation est généralement limitée à des arbustes résilientes avec un manque d'arbres. Seules les vallées les plus basses ont une végétation plus prolifique, ce qui les rend très photogéniques et pittoresques avec les imposantes parois rocheuses de chaque côté. Traverser le haut Pamir est surtout un voyage à travers de vastes paysages désolés et rugueux. 

Comme les montagnes du Pamir ne sont que peu peuplées, ils ouvrent un espace de vie à une variété d'espèces animales. Vivre dans les conditions sévères du Pamir n'est réservé qu'aux plus endurcis du règne animal qui sont parfaitement adaptés à survivre en haute montagne. La faune que l'on trouve dans les montagnes du Pamir comprend les ours bruns, les loups, les marmottes et les brouteurs comme le mouton Marco Polo (endémique du Pamir) et le markhor, qui est une espèce de chèvre avec de grandes cornes spiralées. L'habitant le plus spécial est sans doute le léopard des neiges. Les Pamir abritent une population de quelques centaines de léopards des neiges, ce qui les rend difficiles à repérer.

Snowy landscape with snowfields and snow-capped peaks in the Pamir Mountains
Les montagnes du Pamir sont couvertes de neige aux plus hautes altitudes pendant la majeure partie de l'année. Cette photo a été prise lors d'une expédition début juin à environ 4200 mètres d'altitude.

Le meilleur du Pamir​

Une visite au Pamir donne l'occasion de voir un tas d'endroits merveilleux. De grandes parties des montagnes du Pamir se trouvent dans un parc national qui fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2013. L'infrastructure est cependant limitée. La seule route principale traversant le Pamir est l'autoroute M41, qui est familièrement appelée la Pamir Highway. C’est la deuxième plus haute autoroute internationale du monde et atteigne son point culminant au col Ak-Baïkal à 4,655 mètres. Parcourir toute la Pamir Highway prend plusieurs jours et est une expérience en soi.

Pour être si impraticables, la plupart des beautés naturelles du Pamir ont été bien préservées. L'un des meilleurs endroits des montagnes du Pamir est le lac Sarez. Le lac Sarez s'est formé il y a environ 100 ans après qu'un énorme glissement de terrain a créé un barrage naturel dans une vallée au centre du Pamir. Dans cet événement désastreux, causant la mort de nombreuses personnes, une petite rivière s'est rapidement transformée en un énorme réservoir. L'énorme barrage d'Udoi est avec une hauteur de 567 mètres actuellement même le plus haut barrage du monde entier. Le lac Sarez est très isolé et ne peut être visité sans entreprendre une longue expédition.

Le lac Sarez n'est pas le plus grand lac du Pamir. Cet honneur va au lac Karakul situé à l'extrême nord-est. Avec une largeur maximale de 52 km, Karakul est même le plus grand lac de toute Asie centrale. Le lac se trouve dans un cratère d'impact d'une météorite massive qui a frappé il y a 3 à 20 millions d'années. La partie orientale du Pamir est une destination impressionante. Le niveau de base se trouve à un stupéfiant 4000 mètres. En raison de la grande altitude, le paysage est complètement stérile laissant libre cours aux éléments. Murghab - avec 4.000 habitants la principale ville dans l'est - est une excellente base pour explorer cette région désolée.

Pamir Highway along the Panj River on the border of Tajikistan and Afghanistan
La Pamir Highway visible sur le côté droit de l'image s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres le long de la rive de la rivière Panj. Le Panj forme la frontière entre le Tadjikistan à droite et l'Afghanistan à gauche.
Old jeep next to a building on the Pamir Highway with two schoolboys walking
La Pamir Highway monte progressivement vers des paysages plus désolés à l'est.

Histoire du Pamir​

Le Pamir est une région unique avec sa propre culture histoire. L'étendue culturelle du Pamir ne se limite pas seulement à la province de Haut-Badakhchan au Tadjikistan, mais s'étend également à de petites parties de l'Afghanistan et de la Chine, couvrant ensemble la région historique du Badakhshan. La plus ancienne histoire connue de la région du Badakhshan remonte à des milliers d'années. Dans l'antiquité, la région fonctionnait comme un important centre économique: les voies commerciales de la route de la soie passaient par le Pamir et le lapis-lazuli était exporté il y a déjà plus de 5000 ans. Au fil des années, le Badakhshan a été contrôlé par de différents empereurs, rois et nobles (« mirs » dans la tradition islamique).

À partir de la fin du XIXe siècle, le Pamir s'est vu impliqué dans des conflits territoriaux entre le Royaume-Uni et l'Empire russe. La région historique du Badakhshan a fini par être divisée entre l'Afghanistan et les territoires contrôlés par la Russie avec le fleuve Panj comme frontière naturelle importante. La partie contrôlée par l'Empire russe est devenue connue sous le nom de Haut-Badakhchan en 1925. En 1929, l'Union soviétique l'a rattachée en tant qu'oblast autonome de Haut-Badakhchan (GBAO) à la nouvelle RSS tadjike.

Peu de temps après l'indépendance du Tadjikistan de l'Union soviétique en 1992, la guerre civile tadjike a commencé à la suite de troubles entre les dirigeants locaux de Haut-Badakhchan et le gouvernement à Douchanbé. Le gouvernement tadjik est rapidement intervenu pour réprimer les manifestations antigouvernementales, ce qui a déclencher la guerre civile. Pendant la guerre qui a finalement duré cinq ans, dix milliers de personnes ont été tuées tandis que beaucoup d'autres ont perdu leur maison. Un armistice a mis fin à la guerre en 1997 pour rétablir la paix, qui est restée depuis lors. La guerre a laissé des traces profondes dans la mémoire des Pamiris et avec ça un pays en déroute. Ce n'est qu’après le rétablissement de la paix que l'accent a pu être mis sur l'édification du pays pour finalement devenir un lieu globalement stable et sûr.

Map of Tajikistan in Central Asia with the location of the Fann and Pamir Mountains indicated
Les montagnes du Pamir couvrent la moitié orientale du Tadjikistan

Les Pamiri​

Les montagnes inhospitalières du Pamir ne sont que peu peuplées. Le massif du Pamir est situées dans l'oblast autonome de Gorno-Badakhshan (GBAO), ou Haut-Badakhchan en bon français, qui couvre près de la moitié de la superficie totale du Tadjikistan. Néanmoins, la population totale n'est que de 230 000 habitants, ce qui équivaut à seulement 2,5% de la population tadjike. La plupart des gens vivent à l'extrême ouest et au sud-ouest le long de la rivière Panj, y compris Khorog qui est la plus grande ville et capitale du Haut-Badakhchan avec 30 000 habitants.

Le Pamir est distincte du reste du Tadjikistan en ce qui concerne les langues, les habitudes culturelles et la religion. Des variations culturelles et linguistiques existent même au niveau local à travers le Pamir. Les styles de vêtements changent visiblement lorsque vous vous déplacez dans la région. Les traditions culturelles locales ont généralement bien réussi à résister à l'épreuve du temps en raison de l'isolement du peuple du Pamir dans les hautes montagnes.

La religion prédominante dans le Pamir est l'ismaélisme, ce qui est une branche de l'islam chiite contrairement au sunnisme qui prédomine dans le reste du Tadjikistan. De nombreux ismaéliens adhèrent à l'Aga Khan - le principal leader religieux de cette branche de l'islam. Hormis les gens d'origine pamirienne, des communautés mineures de Kirghizes vivent dans l'est de la province de Haut-Badakhchan.

Judo championships in the Pamirs during Navruz festivities
Des compétitions sportives – ici le judo – sont traditionnellement organisées dans les montagnes du Pamir dans le cadre des festivités de Navruz (Nouvel An persan). Le judo est l'un des sports les plus populaires.

Langues du Pamir​

La diversité culturelle du Pamir s'accompagne d'une douzaine de langues locales. Les langues du Pamir font partie du groupe linguistique iranien avec le persan et le tadjik. Malgré un certain degré de similitude, les langues du Pamir et le tadjik appartiennent à des sous-groupes linguistiques différents et ne sont pas mutuellement intelligibles. Les langues du Pamir sont parlées non seulement au Tadjikistan, mais aussi par des communautés au nord-est de l'Afghanistan et à l'extrême ouest de la Chine. Au total, environ 100 000 personnes sont des locuteurs natifs d'une langue du Pamir.

Les langues pamiriennes ont principalement un usage parlé, tandis que le tadjik est utilisé comme langue écrite dans les écoles et pour les affaires gouvernementales dans toute la province de Gorno-Badakhshan. La plupart des habitants du Pamir sont bilingues ou trilingues, parlant une langue locale du Pamir, le tadjik et souvent le russe. Parmi les langues du Pamir, il existe des variations considérables, qui peuvent être perceptibles même entre des vallées avoisinantes. Les hautes chaînes de montagnes forment des barrières naturelles qui ont permis aux communautés de persister pendant de longues périodes dans une relative isolement les unes des autres et aux langues et dialectes de diverger avec le temps. Le shughnan et le rushani sont les langues du Pamir les plus parlées, en particulier le long du fleuve Panj et dans la capitale de Khorog.

View over Khorog - capital of the Pamir - between the mountains
Vue sur Khorog – la capitale du GBAO et la plus grande ville des montagnes du Pamir

Le trekking​

Les vues spectaculaires et la nature sauvage des montagnes du Pamir fournissent les ingrédients idéaux pour d'exceptionnelles expéditions de trekking. Il existe peu de destinations de trekking plus éloignées que le Pamir. Alors que la vie du village local peut être vécue dans certaines vallées, la plupart de la nature du Pamir est restée intacte. Préparez-vous à marcher pendant des jours à travers des paysages spectaculaires sans rencontrer aucun signe de civilisation. Affrontez les éléments en campant sur le toit du monde. Le trekking à des altitudes entre 4000 et 5000 mètres est un défi mais offre des expériences inoubliables.

Two tents on a camp site in a valley in the Pamir Mountains
Camper dans les montagnes reculées du Pamir pendant un trek est une expérience unique

Atteindre les montagnes reculées du Pamir n'est pas une tâche facile. Seules deux routes d'entrée décentes relient le monde extérieur au Pamir: l'une venant de Douchanbé et l'autre d'Och au Kirghizistan. D'autres routes menant au Pamir sont très impraticables car elles traversent le terrain extrêmement élevé et accidenté qui caractérise le reste de la zone frontalière. Vers la Chine et l'Afghanistan, il n'y a que quelques routes très accidentées et très difficiles à passer. Après l'atterrissage à Douchanbé, préparez-vous à un trajet en voiture de plus de 500 km qui prendra au moins 16 heures sur de mauvaises routes pour se rendre au Pamir.

Meilleur moment pour voyager

Les montagnes du Pamir sont une région extrême à bien des égards – les altitudes sont vertigineuses et le climat est implacable. Pour cette raison, la saison de trekking dans le Pamir est plutôt courte, généralement de juillet à septembre. Avant juillet, il peut encore y avoir beaucoup de neige sur la plupart des sentiers et les niveaux d'eau sont élevés en raison de grandes quantités d'eau de fonte. La crue des eaux peut rendre difficile, voire impossible, la traversée de rivières souvent dépourvues de ponts dans les parties les plus reculées.

Après septembre, les jours raccourcissent et le froid commence à s'installer. Le trekking est toujours possible en octobre et parfois même en novembre, mais vous passerez la majeure partie du jour dans votre sac de couchage à l'abri du froid. Les saisons des précipitations et des pluies ne jouent pas un rôle dans la meilleure période pour voyager. Presque aucune pluie n'atteint le haut plateau désertique du Pamir.

Pour toute question concernant le trekking dans les montagnes du Pamir, n'hésitez pas à nous contacter !